Ter-Ter Soigner le quartier
Le titre d’une exposition actuellement à Orléans à La Collégiale Saint Pierre Le Puellier réalisé par Malik Nejmi.
Dans un précédent article, je faisais état d’une exposition à la Maison de l’Architecture d’Orléans de Malik Nejmi, photographe orléanais qui concernait notre quartier, cette fois cet artiste récidive dans un lieu réputé du centre d’Orléans. J’ai eu l’occasion de la visiter à plusieurs reprises, voir mes photos. Pour évaluer l’importance de cette manifestation qui a accueilli à ce jour plus de 5000 personnes, je reprends ci dessous quelques articles de presse publiés depuis.
On en parle dans la presse
La République du Centre du 27 novembre 2024
Direction le quartier d’Orléans-La Source, en R12, pour une immersion artistique et documentaire
À travers la compréhension d’un quartier, Malik Nejmi explore sa propre reconstruction, enfant d’un père immigré qui ne parlait jamais de son pays d’origine. Un travail de mémoire doublé d’un regard d’artiste tout aussi passionnant à la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier.
Enfant du quartier de La Source et de la fameuse T17, foudroyée le 29 octobre 2023, Malik Nejmi présente « Ter-Ter {soigner le quartier} », une immersion artistique et documentaire au cœur du quartier orléanais et de sa tour de dix-sept étages.
Des photos très grand format, des morceaux des décombres de cette tour à la façade émaillée, mais aussi l’intérieur d’appartements reconstitués, des figurines en résine d’enfants, une maquette prospective pour « réparer » le quartier, une composition sonore, une orthophotographie de l’ancienne tour de la place Ernest-Renan, un film composé d’images amateurs de la démolition, des portraits d’habitants…
Site de la BNF
Lors d’une enquête à Orléans-La Source, son quartier d’enfance, Malik Nejmi fait la rencontre de Rouguiyatou Dia au pied d’une tour en cours de destruction. Une relation s’installe jusqu’à dépasser l’objet de la commande. Alors qu’il pensait porter un regard sur les réseaux de solidarité entre femmes, c’est l’intensité de cette relation qui devient le support d’une recherche plus large sur la façon qu’ont les habitants de banlieue de « soigner leur quartier ». Après deux ans d’échanges, il semble que Madame Dia et Malik Nejmi se soient guéris l’un et l’autre.
Né en France en 1973. Vit à Orléans. Malik Nejmi est diplômé du Conservatoire libre du cinéma français. Son origine francomarocaine, l’histoire de son père, la famille et l’enfance vécue entre deux pays nourrissent ses recherches photographiques. En outre, les diversités culturelles s’inscrivent dans son champ de travail. En 2007, il reçoit le prix de photographie de l’Académie des beaux-arts. En 2013-2014, il est pensionnaire de la villa Médicis à Rome. Il est membre de l’agence Vu’.
Magcentre (extraits) du 17 janvier 2025
Suite à l’annonce de la destruction de la tour T17, il a décidé de monter l’exposition Ter-Ter {Soigner le quartier} afin de rendre aux habitants le musée qu’ils n’ont jamais eu.
Quel lien avez-vous avec le quartier de la Source ?
Les premiers immeubles du quartier de la Source sont nés en 1965. Le point de départ, c’est ma maman qui travaillait pour les chèques postaux à la Source. Mon papa marocain est arrivé à la Source, comme beaucoup d’autres.
Vous parlez d’un musée de la Source qui n’aurait jamais vu le jour dans l’exposition, pouvez-vous nous en dire plus ?
Les femmes que je vois me disent qu’on est bien à la Source, mais il nous manque un lieu. Quand je demande ce que serait ce lieu, elles me disent un lieu pour danser et pour exposer nos cultures. J’ai ça en tête. Les habitants du quartier remercient l’acte d’avoir honoré ces familles par cette idée de faire exister le musée qu’ils n’ont pas eu. On a la chance, et c’est politique, d’avoir cette trace de ce musée dans ce quartier. Qu’est-ce que l’architecte a voulu faire à l’époque, ça c’est plus compliqué, on aurait pu fouiller le côté historique de la tour et de ce musée. L’exposition fait musée parce qu’elle va montrer des archives coloniales que je collecte déjà depuis une dizaine d’années, qui sont réapparues ici et qui font écho aux documents historiques.
Vous souhaitiez également mettre l’accent sur la question de l’exil et de l’immigration ?
C’est une vraie question qui se pose : est-ce qu’il n’y aurait pas possibilité d’imaginer un vrai musée de quartier qui soit une antenne du musée de l’immigration qui est à Paris et, en même temps, une réponse mémorielle qui répond aux besoins du quartier, parce que ces quartiers ont une mémoire.
Chroniques d’expositions du 20 décembre 2024 (extraits)
En 2021 l’artiste est alerté par une association que la tour T17 de La Source va être démolie. En collaboration avec la Drac, la Mairie d’Orléans et la Maison de l’architecture, il entame alors un long travail de recherche.
L’exposition s’ouvre sur des vues prises à la chambre photographique de l’intérieur des appartements vides avant la destruction de la tour. Sur des socles, des pièces de béton avec une surface émaillée, reliques ayant appartenu à la tour sont accompagnées de petites figurines en résine produites avec une imprimante 3D qui matérialisent les habitants.Dans le même espace central est évoqué un projet muséal jamais abouti : « En regardant des plans d’architecture du quartier fait par Louis Arretche (dessinateur architecte du quartier Orléans-La-Source), on tombe sur l’implantation d’un musée, le “Mundaneum”, reprenant un projet du Corbusier, sous forme pyramidale, qui n’a jamais été réalisé ».
Christian Gattinoni
La Rédaction Pop média de Radio Campus (extraits) du 22 novembre 2024
Cette fois-ci, le créateur a fait entrer La Source dans la collégiale Saint-Pierre-Le-Puellier. Le travail de Malik contribue à réunir des bouts de monde, pour reprendre l’expression de Frederick Douglass. En l’occurrence, La Source et le centre-ville d’Orléans se retrouvent ou se rencontrent autour d’une exposition revenant sur la vie du quartier sorti de terre en 1973.
Dans la poursuite de cette œuvre, il tenait à rendre hommage à trois femmes originaires de La Source. Trois femmes portraitisées, parlant des gens partis et des gens revenus à La Source.
Comme un honneur restauré, ces portraits sont la clôture d’un travail de plusieurs années, d’un retour à La Source. « Mon ailleurs est ici », peut-on lire dans la présentation d’une de ces femmes.
Une clôture qui ouvre des questions.
Avec Rokiatou Dia, une habitante historique de La Source, ils posent la question suivante : pourquoi les habitants de La Source ne sont pas plus impliqués dans la vie culturelle et sociale du quartier ?
L’exposition de Malik Nejmi invite maintenant son public à questionner la perception des banlieues.
Steven Miredin
Actu Orleans (extraits)
L’artiste, accompagné de Louise Bras, chercheuse, entame une reconstruction de l’histoire de la culture du quartier de La Source avant et après la destruction de la tour 17. Une destruction, vécue comme « un vol, un pillage ou une disparition de l’histoire ».La tour 17, un bâtiment emblématique de l’histoire du quartier.
« J’étais alerté de la destruction de la T17 par une association. Moi étant né dans le quartier de La Source, je ne pouvais pas ne rien faire », assure le photographe. Avec le soutien de la Direction générale des affaires culturelles (DRAC) et la mairie d’Orléans, l’exposition crée un itinéraire entre les archives du quartier, des photographies de la tour 17, parcelles de mémoire de ses habitants, et des témoignages des habitants eux-mêmes.
Dans la première salle, des photos des appartements vides avant la destruction de la tour. Vu de l’intérieur, la tour n’est jamais visible, seulement sous-entendue. Six grands formats que Malik Nejmi a capturés à l’aide d’une chambre photographique. Il passera 5 à 6 mois dans l’immeuble pour montrer ces images aujourd’hui.
Sur l’une d’elles, les murs d’un appartement sont parsemés de graffitis. Selon l’enquête que mène l’artiste, le locataire était atteint de schizophrénie. Désormais, un héritage devenu grain de poussière dans cet immeuble de 17 étages.
Du côté des archives, l’artiste expose les plans historiques du quartier. Un projet de musée, non abouti alors, apparaît sur l’un des plans, particulièrement mystérieux donc d’autant plus fascinant. « En regardant des plans d’architecture du quartier fait par Louis Arretche (dessinateur architecte du quartier Orléans-La-Source), on tombe sur l’implantation d’un musée, le ‘Mundaneum’, reprenant un projet du Corbusier, sous forme pyramidale, qui n’a jamais été réalisé », explique le photographe, à la recherche du sang culturel qui fait battre le quartier dans ce voyage mémoriel.