Retour d’Éthiopie (1) les enfants
La dernière image de ce séjour.
Dernier jour de notre périple en Abyssinie. Nous sommes dans la région de la petite ville de Hawzen, au nord du Tigré, une des 9 régions de la Fédération d’Ethiopie, près de la frontière avec l’Erytrée. Nous devions visiter une des églises rupestres de cette région. Malheureusement l’accès nous en semblait hors de nos forces et nous avons rebroussé chemin.
Nous repartons vers notre minibus et sur notre chemin, parmi les gens, hommes et enfants toujours nombreux à nous accompagner, même à mille lieux du village, les deux petites filles de la photo font demander à notre chauffeur de les redescendre à leur village. Pourquoi sont elles là, au bout d’un chemin qui mène à la montagne ? Il parait qu’elles sont montées avec un adulte et qu’elles demandent à retourner chez elles…
En descendant la petite de trois ans s’endormira dans les bras du guide locale. Arrivés au village, on regardera les deux petites s’éloigner vers leur maison, se tenant toujours par la main…
Elles représentent les centaines d’enfants , ceux que nous avons croisés sur le bord de la route avec leur troupeau de montons ou de chèvres, ceux qui nous réclamaient un stylo ou de l’argent, celles, ce sont des filles la plupart du temps, qui portaient sur le dos un lourd fardeau de bois ou de gerbes . Et heureusement il y a ceux et celles qui coloraient les rues et les chemins de leurs uniformes de couleur rose, bleu, mauve, jaune, etc… la couleur de l’établissement scolaire (selon l’UNICEF 87,4% vont en primaire).
L’Éthiopie, le pays des enfants.
En 2018 ils étaient 40% de la population (46% en 1998). Le taux de fécondité est de 4,2 enfants par femme (5,2% en milieu rural) et le taux de mortalité infantile de 58% en 2013 .
Les enfants le futur de l’Éthiopie et de l’Afrique
Ces enfants vont-ils longtemps accepter une vie aussi précaire et aussi éloignée de nos sociétés. Ils apprennent l’anglais dès le primaire et cela leur permet déjà d’entrer plus facilement en contact avec nous, les touristes. L’utilisation de plus en plus intensive des portables vu le développement étonnant du réseau mobile, vont leur permettre de rêver à d’autres univers.
Accepteront-ils longtemps la pression énorme de leur église et des traditions (mariage arrangé, par exemple) ? Accepteront-ils toujours de marcher des kilomètres pour aller cultiver des parcelles éloignées de leur ferme faute de remembrement. Les routes vont l’élargir et se goudronner, il sera plus facile de circuler et les échanges seront plus faciles.
L’urbanisation des campagnes où se construisent (bizarrement) des lotissements de maisons traditionnelles en bois ou en pierre selon les régions, pour regrouper les gens, va changer la vie sociale. Est ce en prévision de l’industrialisation, y compris celle de l’agriculture ?
Si le taux de scolarisation peut sembler élevée il faut préciser que des classes de 60 élèves (30 dans le privé payant) ne permettent pas une éducation solide de tous.
Malgré ces inquiétudes sur l’avenir de ces enfants, donc de la société éthiopienne, je pense que leur force de caractère, leur héritage et leur acquis devant les contraintes actuelles (famine, climat, pauvreté, maladie, décès des proches) peuvent les aider à maitriser la modernisation de leur pays. J’espère qu’ils vont bénéficier de nos expériences les plus positives, ils sauront limiter la chimie dans les champs et réduire leurs déchets. Tout cela leurs parents savent le faire !
Toujours optimiste, je me rappelle que Abebe Bikila, le coureur éthiopien aux pieds nus, a gagné le marathon olympique de Rome en 1960, grâce à sa force physique, son entrainement et surtout à l’extraordinaire stratégie qu’il avait conçue avec l’aide désintéressée de son entraineur suédois … Pourquoi le même scénario ne pourrait pas se renouveler pour la société éthiopienne riche de ses enfants .
Arrêtés dans un village pour goûter à la bière locale, nous avons droit à un joyeux concert. Voir sur la vidéo.