Rencontres libanaises (3)
Père Farès
Rencontrer un prêtre grec catholique était indispensable dans notre recherche sur les chrétiens du Liban. Et rencontrer un prêtre catholique marié est intéressant vu les discussions sur ce sujet en France.
Père Farès est prêtre de la paroisse de Kfarharab. Il a été très aimable de venir chez nous entre deux réunions avec ses paroissiens. Il est jeune (la trentaine), il est habillé en civil et …parle bien le français.
Nous aurons la chance quelques jours plus tard de rencontrer une des familles de sa paroisse des environs (qui nous confirmera sa proximité).
Prêtre catholique à Kfarharab
En effet le Père Farès partage son ministère entre trois villages .
De son aveu même il n’est pas débordé, dans chaque village il y a au maximum 30 familles catholiques. Les chrétiens de la région sont majoritairement de rite grec orthodoxe. Il a « seulement » à Kfarharab 15 familles qui représentent ¼ des familles du village.
Il semble que la religion soit une tradition familiale.
Devant notre étonnement de voir, chaque soir des « mazars » (petits sanctuaires sur le bord des routes) éclairés par une bougie, il explique que le libanais prie beaucoup mais que lentement ce dernier imite l’Occident « où on ne pratique plus ».
Prêtre marié
Père Farès est marié, il a un jeune enfant et nous sommes curieux d’en savoir plus de sa bouche.
Il nous apprend que la décision de se marier est prise avant l’ordination. C’est pourquoi il y a des prêtres célibataires et des prêtres mariés. Après leur ordination, les célibataires ne peuvent plus se marier, sinon comme en France, ils sont obligés de se retirer de la prêtrise et d’après Père Farès il y en aurait beaucoup.
Père Farès nous rapellera souvent qu’être marié lui procure de nombreux avantages pour sa mission, en résumé être plus près des gens (sexualité, travail, famille). Comme il ya beaucoup de prêtres au Liban son ministère ne l’occupe pas à 100%, il a donc le temps de s’occuper de sa famille. Il nous précise que son fils est fier devant ses camarades, d’avoir un papa prêtre de la paroisse… » mais un peu moins qu’avant ».
Pour le Père Farès la famille est primordiale dans la société libanaise, « on vit ensemble, on prend un temps pour discuter avec les enfants et les enfants avec leurs parents ».
Le Père Farès travaille aussi comme professeur d’informatique avec l’accord de son évêque qui favorise cette solution plutôt économique. Les prêtres sont payés par l’évêque et par lesmariages,baptèmes, etc… « Prêtre n’est plus une prestige ! ». Père Farès apprécie beaucoup de travailler ainsi car c’est un moyen d’être encore plus dans le monde, à ce sujet il nous parle des prêtres ouvriers français.
L’épouse du père Farès ne travaille pas, « personne ne remplace la mère pour les enfants ».
Au bout de trois quart d’heure, le Père Farès nous quitte…il est près d’une heure de l’après-midi, son épouse doit l’attendre pour le repas.