Michel Armand, le passionné
Michel Armand anime depuis 1997 les conférences intitulées « Faits de sociétés » de l’Université du temps libre d’Orléans (voir mon billet précédent).
Depuis plusieurs années j’assiste à ces conférences et pour moi il s’agit de « l’événement intellectuel» dans ma vie de retraité avec quelques livres, quelques films, quelques documentaires ou débats à la TV . C’est surtout le complément de mon journal quotidien.
Michel Armand me fascine par les idées qu’il développe et surtout par le travail qu’il doit réaliser pour que tous les 15 jours l’heure de « cours » soit enrichissante pour toutes et tous. A noter que depuis quelques années avec Bernard Castiglioni, ils alternent leurs présentations.
Le projet de faire un billet sur Michel était dans mes cartons depuis que j’avais lu dans Le Monde un reportage sur l’Université Populaire de Caen et sur les prestations de Michel Onfray. Je trouve que ces deux là ont des points communs et que l’un est très connu, l’autre pas suffisamment.
Michel Armand, la passion d’enseigner.
Michel était professeur d’histoire-géo au lycée Benjamin Franklin à Orléans jusqu’à sa retraite en 1997. Et tout naturellement, il a poursuivi cet enseignement, bénévolement, dans le cadre de l‘UTL.
Je me souviens aussi qu’il a été un syndicaliste de notoriété nationale et aux idées d’avant garde. D’ailleurs il doit raconter Mai 68 avec beaucoup de précision et de vécu…pour les intéressés !
Comme il est très modeste et pas nostalgique… il ne s’est pas confié sur cette période. Aussi tous vos commentaires sont les bienvenus.
Des anciens élèves se retrouvent dans son auditoire des mercredis de l’UTL et ils doivent se rappeler les bons moments de l’enseignement de Michel ; et surtout des « parenthèses » de leur professeur, pendant ses cours pour commenter l’actualité « des passerelles avec le présent ». Encore aujourd’hui, Michel en exposant un sujet historique se retient difficilement avant de lancer avec fougue une « parenthèse » liée à l’actualité ou aux idées actuelles. Nous les anciens, ça nous amuse « c’est Michel ! ».
Michel Armand, la passion de l’histoire.
Il enseigne l’histoire avec précision et pédagogie, il donne des dates mais surtout montre l’enchaînement des événements.
Très souvent Michel nous donne cette image : l’historien doit construire un mur il a , devant lui, les matériaux en vrac ou presque et remet chaque pierre à sa place ; le choix du liant qu’il va utiliser est subjectif et c’est cela qui fait la différence d’interprétation. Il y a les faits, les événements indiscutables et c’est la méthode pour les lier et les hiérarchiser qui diffère selon les époques, selon les idées, les priorités, les intérêts des historiens et des politiques du moment.
Michel insiste pour nous faire comprendre que l’histoire n’est pas neutre mais doit s’enseigner avec honnêteté.
Michel Armand, la passion et l’humanisme.
Ses explications historiques passent très souvent par la démographie. De nombreux événements se sont déroulés pour des raisons démographiques . Chaque fois qu’il aborde un pays il nous présente l’évolution démographique de ce pays. Les surpopulations provoquent des conflits, les déficits affaiblissent . L’histoire démographique de l’Afrique avec le traumatisme de l’esclavage est un exemple.
Michel s’est arrêté longuement sur l’esclavage et la colonisation. Chaque fois il met l’accent sur la dignité de l’homme, profondément et durablement bafouée lors de ces périodes de notre histoire.
Lors de la conférence sur le colonialisme, Michel démontre la primauté de la dignité humaine : colonisation
Et répond sur une idée d’actualité, les cotés positifs de la colonisation : positif colonisation
D’ailleurs pour Michel, l’histoire est le moyen de se connaître réellement. « On ne connaît pas un pays et ses habitants sans connaître son histoire » .
Il faut entendre Michel s’insurger sur la suppression des cours d’histoire pour les classes de terminales S. « C’est une réforme d’aspect anodin qu’on ne mesure pas actuellement mais qui aura de lourdes conséquences sur les générations à venir ».
Michel Armand, plein de projets.
Il se trouve que les sujets abordés depuis le débuts de « Faits de société » sont toujours d’actualité et évolue, alors Michel veut revenir sur chacun d’eux : le Moyen Orient et la démocratie en Europe .
Les changements provoqués par les révolutions arabes obligent à améliorer nos connaissances sur l’Islam, le monde musulman et le nationalisme arabe.
Michel en avant première explique quelle sera la teneur des cours de cette année 2012 : islamisme nouveau
Sur la Tunisie voir des pages de mon blog consacrées à mon voyage en septembre 2011.
Michel n’hésite pas à s’engager et à déclarer que « notre démocratie est en recul ». La patrie de Montesquieu qui préconisait la séparation des pouvoirs est le pays qui sépare le moins les pouvoirs…C’est pourquoi Michel nous proposera prochainement le fruit de ses recherches dans ce domaine (sujet abordé il y a 4 ans).
Michel, la passion et l’honnêteté.
Michel déclare n’avoir jamais eu de pression de la part de la direction de l’UTL ; pourtant il ne mâche pas ses mots et ses critiques, et régulièrement des auditeurs expriment leurs désaccord (surtout dans le domaine économique).
Pour lui l’honnêteté est primordiale et c’est sûrement cela qui retient l’attention de tous . Les auditeurs sont fidèles et reviennent d’une année sur l’autre.
Il n’hésite pas à me confier que sa présentation du conflit israelo-palestinien en 2003-2004, lui avait donné du soucis ; il devait qualifier Israël de « dernier pays colonisateur occidental » et il avait peur de choquer ses auditeurs de religion juive.
Autre constat qui revient souvent dans sa bouche: « il faut que l’on prenne en compte que la France n’est plus le centre du monde »… Il a dû surprendre quelques anciens, se souvenant de leur livre d’histoire ou regardant trop TF1, « cette machine à écraser les cerveaux », mais ses explications l’ont emportée.
Michel nous explique comment rester dans le coup pour ne pas vieillir :vieillir
Michel souhaiterait faire intervenir des personnes spécialisées dans certains domaines comme précédemment sur l’eau ou les OGM. Mais sa sélection est rigoureuse et basée sur « l’honnêteté intellectuelle ». Pour le moment le tandem, Michel Armand, l’historien et Bernard Castiglioni, le « métèque » scientifique fait des merveilles. Il nous revigore nos cerveaux de retraités pour nous rendre plus acteurs de nos vies, plus citoyens, etc….
Qu’ils continuent longtemps.
2 réflexions sur « Michel Armand, le passionné »
Je me souviens bien de mon professeur d’histoire géo, qui m’a beaucoup influencé, à Benjam dans les années 60. Très heureux de voir qu’il continue à influencer les générations.
excellent professeur à benjamin Franklin où j’étais élève de 58 à 65. Il intéressait son auditoire, avec une certaine vivacité