Lettre à mes fils, après les urnes la vie
Le soir du deuxième tour de l’élection présidentielle, Matthieu tu nous as appelé désespéré par le résultat . Comme tes deux frères tu espérais l’élection de Ségolène. Tu avais été enthousiasmé par une réunion de Débat participatif auquel tu avais participé à La Rochelle il y a quelques mois . Qu’un futur Président de la République batisse son programme à partir des idées et des besoins des gens d’en bas c’était nouveau et devait engager des changements profonds dans la démocratie. C’est cohérent avec ta recherche de la vérité de l’information dans la communication alternative véhiculée par Internet (Rezo, etc… ).
Pierre Yves toi qui trime sur les routes de France de chantiers en chantiers pour la petite entreprise de Beaumont tu espérais que l’écologie ressorte plus forte de cette élection et tu savais par expérience qu’on ne peut pas faire confiance aux grands groupes pour la défendre. Qui dit groupe dit la droite qui les soutient.
Et pour toi Simon, au chômage malgré toutes tes années d’études, tu espérait que la culture, l’histoire, tes domaines soient plus développés ce qui est contradictoire avec le tout économique du nouveau président.
Enfin de compte des idées issues de notre éducation et de notre ambiance familiale.
Mes fils ne soyez pas déçu, d’abord parceque le sentiment de déception n’est pas positif et puis, parceque tout n’est pas perdu. Non je ne veux pas parler des élections législatives ! je veux parler de la vie de tous les jours, la nôtre la vôtre.
Je suis convaicu que notre force est l’action collective. Mettre un bulletin dans les urnes c’est important mais quel acte individuel ! L’individualisme est le pire ennemi de la démocratie . Il ne s’agit pas de prôner le collectivisme qui amène à la négation de l’individu et de sa personnalité. Il s’agit de la Fraternité .
J’aime bien quand Ernest, l’ami camerounais de Douala m’appelle mon frère. Considérer que nous sommes frère n’est-il pas le contraire des communautés d’intérêt (corporatisme), de religion, d’origine qui mine notre société.
Je pense donc que l’issu à plus de vrai bonheur et notre apprentissage de vivre ensemble.
Et pour cela il n’y a pas plus réaliste que de s’engager dans des actions collectives de sensibilisation, de défense et de construction de projet.
Dans ces associations, ces conseils de parents d’élèves, dans ces ONG, dans ces syndicats (non corporatifs) on peut apporter ses idées (comme dans les Débats participatifs) et les faire progresser. Grâce à ces rassemblements, on peut agir et faire quelque chose pour la fraternité entre les hommes. Par exemple faire progresser la place des femmes , pour qu’un jour la société française accepte une femme présidente, entre autre…
J’en ai fait l’expérience, vous le savez, le syndicalisme m’a apporté beaucoup. Je sais que ce n’est pas facile d’être syndiqué (Ségolène prônait le développement du syndicalisme), il y a d’autres formes de sensibilisation et d’action avec et pour les autres.
Notre société ne souffre pas de manque de réforme, elle manque de solidarité et de fraternité . Par exemple la grève était souvent un moyen de faire comprendre les difficultés de travailleurs ce qu’exprimaient volontiers les gens en train d’attendre un train ; bientôt avec une loi sur le service minimum l’expression de solidarité ne pourra même plus se faire entendre, puisque tout devrait être tranquille.
Comme le nouveau Président n’apportera pas que de l’individualisme , nous n’avons pas le choix c’est à nous , hommes et femmes de tous bords de progresser dans cette voie de la solidarité et de la fraternité.
Mes fils,vous voyez, il n’y a pas lieu d’être décu, le changement c’està nous de l’accomplir, tous les jours au niveau et selon les gouts de chacun .
Bon courage.
2 réflexions sur « Lettre à mes fils, après les urnes la vie »
Merci Papa,
C’est vraiment important d’être déçu, d’être triste, voir en rage, voir de pleurer. Même en étant loin, j’étais comme beaucoup de français très concerné et j’ai voulu m’impliquer comme toi par mon blog par exemple. Comme tu l’as remarqué, nous hésitons beaucoup moins qu’auparavant à exprimer notre vote. Pourtant il faut absolument respecter l’anonymat du droit de vote et justement comprendre cette masse importante de personne qui ont voté pour monsieur le président de la république.
Car c’est la question que je me pose depuis ce dimanche 6 Mai, pourquoi tant de gens ont voté pour ce monsieur, quels sont leurs arguments. Je ne veux pas savoir quels sont leurs arguments pour voter contre madame Royal. Quels sont leurs priorités ?. Je n’ai pas pensé à la démocratie participative. Je n’ai pas pensé à l’écologie dans mon vote comme Pierre Yves. Je n’ai pas pensé non plus à Simon au chomage. J’avais axé mon argumentation et mes priorités sur le respect des valeurs humaines tels que je les conçois, c’est à dire que chaque être humain doit être respecter quelquesoit ces originies, sa naissance, ou son porte monnaie. Je pense que nous allons avec ce monsieur vers un politique à l’américaine où un des objectifs est de punir les pauvres.
J’ai pensé que cela était le plus important. Je n’ai pas voulu voté pour moi. Mais je me trompe certainement. La nomination Bernard Kouchner me perturbe vraiment énormément.
Reference sur mon blog
http://www.tribormat.fr/post/2007/05/04/Vous-votez-pour-qui-vous-voulez
Punir les pauvres de Loic Wacquant : http://atheles.org/agone/contrefeux/punirlespauvres/
Ouh la la !
Je m’apelle Simon, je suis chômeur (pleurs…).
Je me souviens, en même temps que toi, lecteur, tu l’apprends, que j’ai voté Royal (à nouveau quelques pleurs dans l’assistance).
Et c’est vrai ! (cris de joie)
En lisant ce post, grâce à la veille informatique rigoureuse de mon frère Matthieu, un peu surpris, j’avais écris un long commentaire, condamnant vigoureusement cet épanchement personnel et mon implication non désirée, apportant quelques précisions élémentaires sur la sphère publique, la sphère privée et le blog américanisant, et puis sur le raccourci Chômeur non actif…
Mais c’était aussi maladroit que ce post dont la fin (le dessein), en fait, n’est pas si mauvaise.
Donc voilà, agissons, impliquons nous dans la vie sociale, etc. L’homme est perfectible ; il aspire à la liberté et au progrès.
Et ne désespérons pas, Kouchner est au commande ! (Blague, ironie, tout ce que l’on veut).