Journée de fête à Yazd (Iran 7)
Attention, Leila existe d’abord dans mon imagination
Lettre de Leila à Jeanne,
Chère Jeanne
Par cette lettre je viens te raconter notre journée du 9 novembre 2017 dans ma ville Yazd.
Ce jeudi 9 novembre était chez nous jour férié, tous les magasins de la ville étaient fermés. C’est un jour de fête car pour les chiites, c’est la fin de la période de deuil pour Hossein, assassiné lors de la bataille de Kerbala en 680.
Pendant 40 jours à partir d’Achoura qui est le 10ème jour du mois musulman, Moharam , il y a eu des cérémonies et des processions dans les rues. C’est impressionnant de voir les hommes, une quarantaine, porter un énorme et lourd cercueil qu’on appelle ici nakll .
Tous les commerçants ornent leurs magasins de bannières noires en l’honneur d’Hossein, partout dans les rues, sur les monuments , sur les mosquées des drapeaux noirs sont hissés. Pour clôturer cette période il y a eu une commémoration à la Grande Mosquée Jame.
Ce jour est aussi celui du Partage. Dans la nuit, des cuisines ont été aménagées dans tous les quartiers pour préparer les repas qui ont été distribués gratuitement. Pour cela des bénévoles ont fait bouillir dans des grandes marmites, les pommes de terre, le riz, les haricots et le mouton.
Tout le monde peut aller se ravitailler dans des stands installés pour l’occasion. En même temps on offre aussi le yaourt traditionnel.
Dans la matinée les rues sont pleines de monde pour aller assister à un office à la mosquée.
Mes parents ont mis leurs plus beaux costumes, ma mère son tchador neuf, mon père s’est habillé de noir, comme le veut la tradition. J’aime bien sa chemise en soie qui fait très habillé . Mon grand frère comme tous les garçons s’était fait une coiffure moderne. Moi j’ai mis le tchador traditionnel.
Ensemble nous sommes allés jusqu’à la Mosquée , il y avait tant de monde que nous n’avons pas pu y entrer. Heureusement la cérémonie était retransmise à la TV et dans la rue. On entendait un orchestre et des chœurs . C’était très beau et presque entrainant , on n’aurait jamais pensé que c’était pour un deuil.
Dès que nous avons pu approcher de la Grande Mosquée je me suis fait photographier devant la fontaine rouge comme le sang.
Mon père est allé chercher notre nourriture dans un récipient en polystyrène comme chez vous au Macdo. Il a dû faire vite car il n’en restait plus beaucoup.
Nous sommes allés pic niquer dans un grand parc. Ma mère avait apporté un tapis et nous nous sommes installé pour manger. Dans tous les coins du parc des familles étaient réunies comme nous, Il y avait même des bébés. Les enfants pouvaient aller aux jeux et nous nous sommes bien amusés .
Mon père a rencontré des français ; il était heureux car avec eux il a parlé en anglais, il était très fier ! Il nous a dit qu’il leur avait expliqué son travail à la mairie.
Il aurait bien voulu prolonger cette discussion mais mon frère s’impatientait , il devait retourner à la Mosquée pour aider au rangement.
Nous l’avons accompagné, il y avait une grande effervescence et un grand nombre de garçons qui s’affairaient . Nous les filles nous observions.
Le plus impressionnant a été le démontage de l’immense velum qui recouvrait la cour intérieure de la Mosquée. Avec mon frère et mon père je suis monté sur la terrasse et j’ai assisté à une scène inoubliable ; ils étaient au moins une centaine pour retenir les cordes qui avaient servi à dresser le chapiteau grand comme celui d’un cirque américain. tu verras cela sur la video que je t’envoie. Je te rassure ils ont réussi à faire tomber l’immense tente tout doucement sans dégât. Ils doivent avoir l’habitude.
La Mosquée a été remise dans l’ordre très vite.
Pour terminer cette journée de fête nous sommes allés auprès de la Mosquée Mir Chakhmagh, il y avait de l’animation, des magasins ouverts . Comme c’était la fin de la fête , mes parents m’ont offert un cadeau, une trousse en cuir pour l’école.
Cette année ce jour de fête est tombé un jeudi, et le vendredi était encore jour férié comme partout en Iran. Il n’y avait pas de classe. Je suis quand même allé à l’école coranique.
Dans une prochaine lettre, je te raconterai la visite du Temple des Zoroastriens que nous avons fait avec ma professeure.
Voilà j’espère que je n’ai rien oublié de cette journée et que ma lettre te donnera envie de venir en Iran, chez moi. Tu y seras très bien accueillie car on dit que les iraniens sont les gens les plus accueillants de la planète !
A BIENTÔT
Leila.