Être guide au Sénat, une sacrée mission !
Samedi dernier, Monsieur B. était de service. C’est lui qui nous a accueilli à l’entrée des visiteurs du Sénat pour une visite.
A plusieurs reprises, monsieur B. a précisé que » monsieur le Président » devait être très occupé puisqu’il lui avait confié la mission de nous guider à sa place. Monsieur le Président c’est notre sénateur, Jean Pierre Sueur, président de la commission des lois.
Bref nous sommes prévenus que notre guide joue les remplaçants.
Sans attendre il nous explique comment il se situe dans la hiérarchie du Sénat, qu’il est fonctionnaire de catégorie C, la plus basse parmi les 1250 fonctionnaires du Sénat. En précisant que ces derniers sont tous recrutés par concours. « pas de favoritisme ici ! » Nous sommes prévenus en cas où on voudrait se placer !
Monsieur B. prend son temps et dans les salles historiques il nous montre son érudition.
Devant les peintures et les boiseries de la salle du Livre d’Or, il nous rappelle les différences entre un symbole,une emblème et une allégorie.
Dans l’immense salle des conférences ( 57 m de longueur et 11m de large où il passe régulièrement l’aspirateur), tout en nous faisant admirer les peintures comme l’Apothéose de Napoléon 1er , ou les grandes découvertes du second empire, il aborde la politique ; et n’hésite pas pas à dénoncer la gouvernance des Napoléon. Sous Napoléon III, les premiers sénateurs ont été des législateurs très muselés.
Ces réflexions lui donne l’occasion de magnifier cette institution haut lieu de la démocratie. Pour monsieur B. le Sénat est indispensable et s’amuse en rappelant que …Martine Aubry, il n’y a pas très longtemps, a critiqué durement cette institution et que maintenant « je ne pense pas qu’elle aurait la même position » sous entendu depuis que la gauche est majoritaire au Sénat.
Quant aux sénateurs, illustrant ses propos de nombreuses anecdotes, monsieur B. ne cesse de nous glorifier leur travail « ce sont des femmes et des hommes qui connaissent très bien leur dossiers ». Il site principalement « le Président » Sueur (normal !) mais aussi Mme Bricq, ancienne sénatrice et devenue ministre .
Monsieur B. passe un long moment à défendre les lobbyistes ces experts, qui défendent leurs intérêts en informant les sénateurs.
L’objectif principal des sénateurs est d’élaborer des lois équitables.
Sur l’absentéisme des élus, pour monsieur B. c’est une mauvaise idée reçue, les sénateurs travaillent toujours, s’ils ne sont pas dans la salle des séances, ils sont dans les commissions. Ne lui parlait pas des libertés que pourrait s’offrir un sénateur, au bar par exemple, il vous répond vertement : « un sénateur ne pense qu’à travailler ».
Dans la salle des séances, monsieur B. ne manque pas une anecdote pour nous démontrer le caractère sacré du lieu… pas d’arme, pas de manteau, pas de bruit même pour les visiteurs la haut dans les tribunes. Tout manquement à la politesse réclame des excuses même entre sénateurs de « bords » différents.
Vraiment le message est passé, nous sortons convaincus du bienfondé de cette Haute Chambre. Après cette visite et surtout les commentaires et indications de monsieur B. , j’ai l’impression que nous venons de passer un moment dans un lieu hors du temps ; il est hors de propos de modifier la décoration de la salle des séances pour une installation plus rationnelle (avec ordinateurs personnels par exemple).
Après tout, dans notre société marchande et souvent inhumaine, ne faut-il pas conserver un peu de sacré. Alors monsieur B. a vraiment réussi sa mission et merci à lui pour le moment d’humanité qu’il nous a fait vivre.
De notre guide, je ne sais pas grand chose, je ne connais pas son nom ni son prénom, peut être se prénomme -t-il Bernard ! Mais ce que je sais, il était très sympa avec son petit accent du Sud Ouest .
One thought on “Être guide au Sénat, une sacrée mission !”
bonjour Robert, j’ai trouvé ton article très intéressant.
Lorsque Monsieur B. précise qu’au Sénat tous les fonctionnaires sont recrutés par concours, il s’agit DU principe de recrutement pour tous les fonctionnaires de l’Etat.
3 exceptions :
– les contractuels handicapés; reconnus comme tel par la MDPH, ils ont la possibilité de bénéficier de postes réservés et sont recrutés sur dossier et entretien; à noter que quel que soit le handicap, cette reconnaissance « handicapé » dispense des concours; d’où des recrutements qui ne correspondent pas souvent à l’esprit que l’on serait en droit d’en attendre. Après 1 ans, ils sont titularisés comme tout autre fonctionnaire.
– les militaires : bénéficient également de postes réservés et ont le bénéfice de l’avancement.
– les PACTE : contrats créés sous le gouvernemet Fillon et destinés à embaucher des jeunes non diplômés
(sans bac).
Après 1 ans, ils sont titularisés comme tout autre fonctionnaire également.