Retour de Terre… sainte (la société israélienne)
Rencontre avec un journaliste israélien, une ouverture sur la société israélienne.
Il travaille au journal Ha Aretz et il s’appelle Sami S. Il est correspondant pour plusieurs médias dont le Whashington Post. Son journal en anglais et hébreux, est souvent repris dans « Courrier International » en France .
Nous avons eu beaucoup de chance de dialoguer, à Bethléem en territoire palestinien, avec cette personnalité israélienne venue de Tel -Aviv,. La ligne éditoriale de son journal est située au Centre-Gauche , elle est considérée comme libérale, à l’opposé de la ligne conservatrice dominante (suite aux dernières élections par exemple).
J’ai beaucoup apprécié son discours modéré .
Allant à contre courant de nos attentes plutôt palestiniennes, il nous a fait découvrir la réalité complexe de la société israélienne, celle que nous avions tendance à rejeter avec son armée. Ce sera une approche complémentaire aux explications données par les responsables palestiniens que nous rencontrons.
La société Israélienne est diverse et il y a de fortes discriminations.
En Israël, capitale Tel Aviv , il y a des juifs de différentes origines. Les juifs venus de l’Est de l’Europe sont majoritaires. Il y a aussi des juifs africains. La société israélienne est aussi constituée d’arabes palestiniens .
Les juifs venus des pays de l’Est pour la première vague de l’émigration et de Russie dans les années 90 . Cette population, souvent médecins ou universitaires, sont dans les instances de pouvoir de l’Etat.
Les juifs venus d’Afrique dont Afrique du Nord, sont moins reconnus et de plus en plus discriminés.Leur juive-té est souvent contestée.
Plusieurs articles de presse ont dénoncé l’attitude actuelle des autorités qui refusent l’arrivée des juifs d’Érythrée ou d’Éthiopie et les parquent dans le désert. Dernièrement des juifs africains « installés » se sont révoltés et ont été réprimés par la police. Vu, dans l’armée les soldats d’origine africaine sont nombreux, je ne sais pas si c’est le hasard… mais jamais je n’ai vu un soldat à peau blanche les accompagner à un contrôle ou dans une patrouille !!!
Les juifs sont 75 % de la population.
La deuxième composante de la société israélienne, peu connue à l’extérieur, est celle des palestiniens. Ils représentent encore 18% de la population. Ces musulmans, en majorité, habitaient là sur le territoire israélien, ils ont refusé l’exil en 1948. Ils sont considérés comme des israélien de seconde zone, avec les salaires inférieurs et surtout des prestations sociales très inférieures aux autres israéliens. Ils ont leur partis politiques, naturellement dans l’opposition actuellement. .
La guerre de la démographie tend à être gagnée par la population juive, cela est dû au taux de fécondité élevé des juifs ultra et orthodoxes ; la construction des colonies en territoire palestinien permet à ces derniers de se loger dans de meilleurs conditions.
A notre question concernant les arrivées de juifs de France (l’alya) après les divers attentats et les appels du chef de gouvernement israélien, Michael H. attire notre attention sur le phénomène inverse. En effet des jeunes, fortement diplômés sont attirés par des entreprises européennes, principalement allemandes ; de plus la vie est chère en Israël, les logements en ville sont rares et chers ; plutôt progressistes, ils ne veulent pas aller habiter dans les colonies avec les ultras. On estime aussi à 20% le pourcentage de nouveaux arrivés qui repartent à cause de toutes les difficultés d’intégration.
Citoyenneté et nationalité.
Pour mettre en évidence la discrimination des autres populations que les juifs, dans son pays, Michael H. nous a expliquer la notion de citoyenneté en Israël. Ça ne coule pas de source pour nous, vivant dans un Etat laïc.
Israël fait une distinction, sur les documents d’identité de ses citoyens, entre citoyenneté et nationalité.Tous les ressortissants d’Israël sont de citoyenneté israélienne, mais de nationalité: juive, arabe, etc…Ceci a de nombreuses implications, en matière d’obligations militaires (interdiction pour les jeunes de nationalité arabe) , d’accès à l’instruction, au logement, etc… Dans la réalité quotidienne, cette distinction aboutit à faire de ceux qui ont la « nationalité » juive des citoyens de première classe et de ceux qui ont la « nationalité » arabe des citoyens de dernière catégorie.
Liberté de la presse
Enfin très courageusement, Sami S. journaliste au quotidien israélien Ha Aretz (tirage 80.000 ex.) s’explique sur la liberté de la presse en Israël. Pour lui, il y a bien la « liberté de la presse » en Israël . Cependant les journaux quotidiens sont énormément concurrencés par le presse gratuite aux mains de financiers milliardaires et plusieurs titres ont ainsi disparu. De plus la TV sous l’impulsion du Gouvernement se concentre de plus en plus. La liberté de la Presse est devenue « un problème de ressources ».
Je suis allé voir le classement 2014 de « Reporters sans frontière », Israël est au 96ème rang…après avoir gagné 17 places l’année dernière. 16 journalistes professionnels étaient encore détenus au 2/5/2015…
N’hésitez pas à consulter en anglais le journal électronique de Ha Retz : http://www.haaretz.com/