Retour de Terre… sainte (Ayda)
Être réfugié palestinien à Ayda
Ce camp de réfugiés palestiniens se situe dans la ville de Bethléem. La Cisjordanie compte 19 camps gérés par l’Office de secours et de travaux des Nations Unis pour les réfugiés de Palestine dans le Proche Orient (UNRWA).
La population de ce camp est d’environ 5000 habitants. Il a été créé en 1950.
En dehors de quelques rares reportages vus à la Télé, j’étais curieux de « visiter » un camp de réfugiés. Les différents conseils aux voyageurs recommandent de ne pas s’y aventurer ; nous y étions attendus et je pense qu’il était indispensable pour comprendre la Palestine de partager un moment la situation de ces 176 514 palestiniens en exil dans leur pays.
En exil dans son pays.
L’emblème des camps est la clef, celle que les anciens ont emmené avec eux espérant revenir sur leurs terres au moment de leur expulsion par l’armée israélienne. Malheureusement différentes guerres et négociations les ont abandonnées là depuis 1948-50. Plusieurs générations vivent dans ces camps, loin de leurs terres de Palestine, loin de leur cimetière. Progressivement ils sont passés de la tente aux maisons ou immeubles construits en dur.
Le retour des réfugiés est toujours une des conditions les plus importantes des négociateurs palestiniens…Après nos rencontres dans deux de ces camps nous comprenons mieux cette revendication.
Animateur du centre culturel de Ayda
A Ayda ils sont presque 5000 à habiter là, à vivre là entre ces murs. On y entre par un énorme portail qui peut être fermé sous l’autorité des militaires israéliens.
Nous empruntons une large rue, de chaque coté des habitations en dur d’où émergent les petites bouilles d’enfants nous saluant.
Sur la droite nous longeons un stade . Nous nous attendions à une surpopulation mais en cette fin d’après midi, le camp ressemble plus à une ville fantôme. Seul quelques femmes circulent et des enfants nous saluent pas très étonné de notre présence.
Très rapidement nous nous engouffrons dans le centre culturel de l’association Airowwad. Une maison construite avec des fonds étrangers en 2005. Au rez de chaussée une grande salle équipée pour le Théâtre, la vidéo et la danse. Nous entendons les rires de jeunes dans les coulisses. Une petite boutique nous présentera les productions artisanales des femmes de l’Association.
Après une courte explication par l’un des animateurs du centre, d’un petit film sur les réalisations culturelles , nous profitons en direct de plusieurs danses traditionnelles.
Garçons et filles dansent ensemble.
Je reste sur ma faim sur l’organisation et la vie quotidienne dans le camp mais je découvre l’extraordinaire volonté de ces jeunes et de leurs parents à résister . Ils parlent de « Belle résistance contre la laideur de l’occupation et sa violence ».
La maison de l’espoir, du rêve, de l’imagination et de la créativité
La maison où nous sommes invités s’appelle la maison de l’espoir, du rêve, de l’imagination et de la créativité.
Il y a
- l’Unité des Arts comme la vidéo, le théâtre, la photo ou la danse…
- L’Unité des femmes, pour améliorer leur formation…un « programme de sports pour le changement social et l’éducation psychosociale, santé et environnement… »
- L’Unité Education et étudiants. Pas étonnant que des statistiques montrent que la moyenne du niveau d’éducation de plusieurs camps est supérieure à celle des villes et villages palestiniens.
- L’Unité Environnement et Santé au Travail….et même … »agriculture sur les toits des maisons dans le camp d’Aïda. »
Tout un programme qui nous stupéfait ; ces femmes et ces hommes ont encore la force de la non violence, malgré ce mur de la honte et les exactions de militaires dans une impunité mondiale qui nous révoltent.
A ma question : « Comment est vécu par les enfants cet enseignement de la non violence, quand l’armée entre dans le camp comme presque chaque soir pour appréhender l’un de leurs copains, les enfants ne sont-ils pas tentés de lancer des pierres et quelle est votre réaction?
La réponse a été : « Malheureusement, nous ne pouvons pas leur interdire, malgré les conséquences pour eux et leur famille… » (3 ans et depuis le 31 mai 2015, jusqu’à 10 ans de prison pour un lanceur de pierres palestiniens réf. : Courrier International du 1/06/2015).