En Espagne, accord sur la réforme des retraites.
Les deux principaux syndicats espagnols (CCOO et UGT) et le Gouvernement espagnol sont parvenus la semaine dernière à un accord.
L’âge légal est porté à 67 ans pour ceux qui ont cotisé moins de 38,5 ans.
Ah bon ! la négociation est encore possible ! Voilà une bonne nouvelle ! Pourtant les espagnols n’ont pas évité à descendre dans la rue à plusieurs reprises. Actions et négociations peuvent donc être bénéfiques.
Ci dessous l’article du Monde :
En Espagne, M. Zapatero et les syndicats s’accordent sur la réforme des retraites
Article paru dans l’édition du 29.01.11
L’âge légal est porté à 67 ans pour ceux qui ont cotisé moins de 38,5 ans
près des semaines d’intenses négociations, le gouvernement espagnol est parvenu à un préaccord avec les syndicats pour réformer les retraites, jeudi 27 janvier, veille de la date butoir qu’il s’était fixée pour la faire approuver en conseil des ministres.
Comme le voulait le gouvernement, l’âge légal de la retraite devrait être repoussé de 65 ans à 67 ans. Mais les syndicats ont obtenu que le nombre d’années de cotisation nécessaires pour une retraite à taux plein soit abaissé des 41 ans envisagés initialement à 37 ans, et que les personnes cumulant 38,5 années de cotisation (3,5 de plus qu’aujourd’hui) puissent prendre leur retraite dès 65 ans.
Les deux parties sont parvenues à un accord dans la nuit de mercredi à jeudi, lors d’un dîner réunissant le président du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, et les chefs des deux principaux syndicats, les Commissions ouvrières (CCOO) et l’Union générale des travailleurs (UGT).
La réforme serait appliquée progressivement entre 2013 et 2027, à raison d’un mois et demi de cotisation supplémentaire chaque année. Les jeunes pourraient comptabiliser les périodes de stage dans le calcul de leur retraite, dans la limite de deux ans. Les mères ayant fait une pause dans leur activité professionnelle pour élever leurs enfants pourraient cumuler neuf mois de cotisation par enfant, également dans la limite de deux ans. Enfin, le calcul du montant des pensions se ferait en fonction des vingt-cinq au lieu des quinze dernières années. La retraite anticipée passerait de 61 ans à 63 ans.
Une année de crispations
M. Zapatero insistait depuis plusieurs semaines sur l’importance de parvenir à un consensus sur cette réforme délicate et de renouer avec la paix sociale, après une année de crispations avec les partenaires sociaux du fait de la réforme du marché du travail. Les syndicats, pour leur part, avaient brandi la menace d’une grève générale si le gouvernement cherchait à faire passer en force la réforme des retraites.
Or Madrid, et surtout les présidents de région, craignait une nouvelle mobilisation contre la politique du gouvernement socialiste à quatre mois des élections municipales et régionales du 22 mai, alors que le Parti socialiste espagnol (PSOE), au plus bas dans les sondages, est menacé de perdre ses fiefs historiques d’Andalousie et de Castille-Léon.
Au-delà de la volonté de sauver un système des retraites menacé par le vieillissement de la population et une crise économique qui a porté le taux de chômage à 20 %, cette réforme était aussi très attendue des marchés et des grandes institutions économiques. Le gouvernement en avait donc fait une priorité afin de réaffirmer sa capacité de mener à bien le programme de réformes structurelles auquel il s’est engagé pour redresser ses comptes publics.
Alors que des manifestations contre la réforme avaient lieu au Pays basque, en Catalogne, en Galice et en Navarre, les négociations entre le gouvernement et les CCOO et l’UGT se sont prolongées toute la journée de jeudi. Après la présentation du préaccord en conseil des ministres, vendredi, l’accord définitif sera signé avec les syndicats le 2 février. Cela permettrait à M. Zapatero d’accueillir sereinement à Madrid la chancelière allemande, Angela Merkel, pour le sommet hispano-allemand du 3 février.
Sandrine Morel