Les gens de La Grave
Début juillet j’ai « pris » 1500 m d’altitude en deux jours. Il était 16 heures venant de Grenoble, puis longeant le lac Chambon par la D 1091 , direction Briançon , nous sommes arrivés à La Grave.
Cet après midi la Meije qui domine la station était cachée, seuls les séracs bleus du glacier nous rappelaient que la haut c’est la haute montagne.
Le lendemain matin, grand soleil sur cette haute montagne même si paradoxalement les glaciers avait pris un autre aspect puisque la neige les avaient recouvert dans la nuit.
Dès notre arrivée la montagne jouait la magnifique travestie, aux habits changeants selon son humeur. Et là je ne parle pas des neiges éternelles qui s’amoindrissent un peu tous les ans…
Les gens de là bas.
Les guides
Avec mes lectures comme « Les flammes de pierre » de Jean Christophe Rufin…, un peu ma très petite expérience d’alpinisme en Vanoise ou en Calanques et surtout à cause des films documentaires en montagne dont je suis friand comme ceux de « La nuit de la glisse », le métier de guides de hautes montagnes me fascine ! C’est peut être pour cela que j’ai rpoussé la porte du bureau des guides et que j’ai rencontré madame Gardent qui en assure la permanence. Il y a 30 guides dont 2 femmes, inscrits au Bureau. Ça peut paraitre beaucoup pour une « petite » station comme La Grave mais beaucoup sont à l’extérieur du massif souvent sollicités en privé pour accompagner des alpinistes dans d’autres régions. Madame Gardent, épouse et mère de guide, tient le planning et m’indique qu’une course se paie au minimum 400€. Lors de ma visite les prévisions étaient mauvaises et « pas de départ pour le lendemain ». Je lui demande si elle s’inquiète pour son mari ou ses enfants partis en montagne et qui tardent à rentrer, elle me répond » pas d’inquiétude je leur fait confiance ! ». J’ai eu l’occasion de questionner un habitant de La Grave sur la fierté du village quand un des leurs réalise une « première » et la réponse a été « ici on est humble… ».
Les agriculteurs
Les artistes
Ils sont sûrement nombreux à venir s’y ressourcer, profitant du calme et de la majesté des montagnes … Il y a ceux qui y viennent pour se dépasser, Laure Chocheyras était sûrement une de ceux ci, puisqu’elle a été emportée par une avalanche dans le couloir Orcière. Elle était artiste sculptrice et fondeur d’art à Nice.
Il y a un artiste que j’ai bien rencontré, chez lui au Café de la Pierre, Bistrot de montagne, Bruneau est aquarelliste.
De l’autre coté de sa terrasse, Bruneau a construit un kiosque où il présente ses aquarelles sur… la montagne.
J’ai eu la chance de passer un long moment à discuter avec lui et j’ai découvert qu’il était un grand alpiniste. Imaginez mon bonheur, moi qui fantasme sur cette passion… On a parlé de sa jeunesse, de la formation des guides, aspirants, porteurs pour les refuges, initiateurs, il a d’ailleurs était formateur à Chamonix. Il a côtoyé les plus grands alpinistes et même Jean Noël Roche que je connaissais à Val Cenis . On a parlé de ses courses dans tous les massifs montagneux du Monde.
Bruneau Soleymieux
Bruneau Soleymieux a édité deux tomes consacrés à ses courses dans les Alpes » Haute route en équilibre sur les sommets des Alpes » de Zakopane en Pologne, jusqu’au Mercantour en France. Il y raconte les périples d’un « homme, amateur de beaux paysages »…sous formes d’une collection d’aquarelles ponctuée de belles photos.
Cet ouvrage de conception artisanale est une série limitée , vous ne le trouverez pas n’importe où, profitez donc du rare privilège de l’avoir en mains. Peut être avez-vous apprécié aquarelles et croquis, n’hésitez pas à le dire.
Bruneau
Avec sa compagne Christiane, il m’a parlé de leur jeunesse, elle était gardienne de refuge et ils partaient ensemble en montagne. La montagne leur a permis de visiter de nombreux pays, naturellement nous avons échanger sur nos expériences de voyageurs. Ils ne sont pas originaire de La Grave mais ils s’y sont installés depuis plusieurs décennies, ils y ont construit une grande maison tout en pierre .
Ils continuent à sinuer la région à bord de leur camping-car aménagé pour randonner en septembre, leur saison idéale pour son calme et la transparence de l’atmosphère.
Bruneau doit toujours faire « de la montagne » car il allait régulièrement chez le kiné pour réparer les dégâts provoqués par une chute de pierre, un chamois qui aurait été dérangé …
Sa compagne Christiane, l’ancienne gardienne de refuge rêve de …faire un jardin mais les espaces libres sont rares à La Grave.
Les jardiniers
Il y a bien le jardin du Lautaret, ce jardin au bout de la vallée où des chercheurs acclimatent à 2100 m d’altitude, depuis plus de 100 ans, une collection de 2000 espèces de fleurs des montagnes du monde.
Les jardins , ces parcelles préservées de père en fils au sein des villages, sont toujours très beaux et très bien entretenus. A cette altitude la saison de pousse est réduite, alors la nature si l’homme l’aide se donne à plein. J’ai rencontré une jardinière heureuse » il faut venir régulièrement et j’aime bien voir grandir mes plantations ».
Les commerçants
Adieu La Grave, ses sommets, la Meije et surtout les Gravarots dont je garde un agréable souvenir. Faute de les suivre sur les pentes, je les ai rencontré ou imaginé dans leur village. Dommage il a fallu partir, il y aurait eu tant de nouvelles rencontres et de sourires à prolonger (la postière, la tisserande, la serveuse du …, les employés des téléphériques) . Merci à toutes et tous.
One thought on “Les gens de La Grave”
Passionnant ton blog, Bernard, perdu de vue depuis les années 50, retrouvé dans une expo d’art à Châteaudun : Anne Boisaubert dont j’ai découvert les œuvres à Bourges!