Des sourires dans l’archipel aux couleurs.
Couleur sourire
Dans l’article précédent je vous ai présenté l’hôpital d’Orléans la Source, l’archipel aux couleurs, mes « voyages » de ces dernières semaines. Je vous propose dans cet article des moments vécus qui m’ont été agréables par l’ humanité que j’ai ressentie dans le regard des soignants avec très souvent la couleur souriante… encore une !
Je sais que tout n’est pas rose … pour ces 5300 salariés, il y a des conflits, des problèmes de management, des congés refusés, des revendications et sûrement des larmes mais j’ai l’impression, en écoutant les rires dans les couloirs, en observant les préparatifs de fête d’anniversaire, en entendant les conversations d’entraide que la satisfaction de travailler ensemble l’emporte.
je reprends ci dessous les différents métiers que j’y ai rencontré. Mais plus je côtoie les lieux plus j’ai peur d’avoir écrit des inexactitudes car je ne suis connaisseur de ces professions et des techniques employées, mais je me lance c’est ma simple observation qui ne représente qu’une minuscule partie du quotidien de cet hôpital aux multiples services avec ses 3400 infirmiers(es) ou aide-soignants(es) ou ses 160 internes.
Les « taximans », pantalons et blouson blancs
Il s’agit des brancardiers, « agents des services hospitaliers chargé du transport et de l’accompagnement des malades à l’intérieur des centres de soins » . Ils parcourent les couloirs de l’hôpital poussant les lits transformés en brancards. Certains lits bénéficient d’une assistance électrique pour faciliter le travail des brancardiers mais je ne suis pas certain qu’ils l’utilisent beaucoup, peut être en fin de journée exténués par les kilomètres à marcher .
« Je fais ce travail depuis longtemps. C’est mieux que de travailler sur une machine, on rend directement service. Oui, on parcourt beaucoup de kilomètres car l’hôpital est grand, on se bouge, inutile d’aller à la salle de sport, on est entrainé pour le prochain marathon ! » Herve*
« On aimerait parler avec certain patient que l’on accompagne, j’ai l’impression que ça lui permettrait de rompre le stress avant un examen ou une intervention. J’ai un petit moment à la porte du service où je dois impérativement et personnellement vous confier aux intervenants suivants. Mais on m’appelle pour partir sur une autre tournée, nous ne sommes que 50 sur l’hôpital, il faut faire vite et doucement en même temps pour le confort du patient. » Gilbert*
« Excusez moi , je suis nouveau de ce matin, je cherche le numéro de la chambre inscrite sur votre dossier, alors je demande mon chemin, je téléphone à mes collègues, ne vous inquiétez pas on arrive ! » Julien*
Arrivé dans la chambre, après s’être assuré que le patient est bien installé, avec le sourire :
» Au revoir je vous souhaite bon rétablissement, une infirmière ne va pas tarder ! » Hervé*
Il y a aussi les conducteurs de chariots électriques faisant la liaison avec les services pharmacie ou de laboratoire.
Les vestes au trait jaune
Sous la responsabilité de l’infirmier, l’aide-soignant s’occupe de l’hygiène et veille au confort physique et moral des malades.
Localisation : … en hospitalisation ambulatoire.
« Je suis Cécile*, je suis votre aide soignante, comment allez vous ? »
» Tout va bien, tension, saturation en oxygène parfait,avez vous perdu du poids ? on va vérifier cela, je vais chercher le pèse personne, où est-il ?…
» Un problème d’électrocardio, il s’affole ! c’est mon appareil qui ne marche pas , je refais l’examen une deuxième fois, ne vous inquiétez pas … »
Ma collègue infirmière ne va pas tarder. A bientôt »
Plus tard vers 12h, » Que désirerez vous manger ? Je vous apporte votre plateau repas …Bon appétit ! » Cécile*
Localisation : accueil des urgences gynécologiques
Pendant une longue soirée d’attente, j’avais repéré l’activité soutenue des personnes chargées de l’accueil et de l’orientation vers différents services (salles d’accouchement ou échographies, principalement). Les bébés semblent tous choisir cette fin de journée pour venir au monde !
Les aide-soignantes et infirmières devaient réguler souvent seules le flux et même l’accueil médical ou administratif des personnes se pressant toute la soirée à la porte des urgences gynécologiques. J’étais étonné qu’elles assument cela très souvent seule et encore moins sans l’appui d’agent de sécurité tant le public souvent anxieux aurait tendance à être énervé .
A mon départ j’ai été agréablement surpris par la gentillesse d’une de ces soignantes pourtant très occupées, qui prenant le temps de me parler, m’a salué avec le sourire, moi anonyme accompagnateur d’une de ses patientes :
« Bonsoir monsieur, vous allez loin ? Bonne route et faites attention à vous. » Marion*
Les vestes aux traits bleus
Il s’agit des infirmières. Personne qui, par profession, soigne des malades et s’en occupe, sous la direction des médecins.
*A noter les vestes bleues des agents de plateaux et le bleu foncé des blouses jetables des professionnels de blocs.
Localisation : …hospitalisation
Répondant à mon interrogation sur la discrétion qui semble être la règle la nuit passée, Mélanie* : » Nous essayons de ne pas déranger nos patients qui doivent se reposer tranquillement… J’ai changé votre poche d’injection et je n’ai pas voulu vous réveiller. » « Nous ne sommes pas nombreuses la nuit, c’est plus facile, on n’a pas besoin de s’interpeller bruyamment . »
« N’hésitez pas à appeler en sonnant, ça ne nous dérange pas, nous avons l’habitude et ça nous permet de nous organiser pour répondre plus rapidement. » Fatou*
On dirait que l’épidémie de Covid est loin derrière, on en parle pas. A la question sur les bénéfices de réintégrer en ce moment les personnes ayant refusé de se faire vacciner .
« Ici il y a eu peu de refus de se faire vacciner, les réintégrations suite à la loi sont plutôt invisibles. Les personnes concernées se répartissent dans tous les services. » Maria *
On parle plus des transferts de malades que l’on se doit accueillir suite aux départs de médecins d’une clinique voisine et qui provoquent des surcharges imprévues.
Localisation : …salle de réveil
Je cherche toujours pourquoi, en sortant du bloc opératoire, j’ai outrepassé ma réserve pour m’adresser brièvement à l’infirmière qui m’accompagnait dans la salle de réveil : « Pourquoi avez vous toujours le sourire avec vos patients, c’est tellement exceptionnel dans notre monde ? « .
Elle avait la quarantaine, elle s’était présentée comme d’habitude par son prénom, Émilie*, elle était chargé de surveiller mon réveil comme celui de plusieurs opérés. Je sortais d’une anesthésie locale ce qui me permettait d’être en éveil et d’observer la vie dans cette salle. Les médecins anesthésistes et chirurgiens passaient et semblaient décompresser en riant avec les soignants présents. Ils s’informaient de l’état de santé de leurs patients soit directement soit sur les ordinateurs concentrant les instruments branchés à chaque lit . Ce sont eux qui validaient les transferts vers les chambres. Les infirmières restaient attentives aux paramètres des instruments de contrôles, elles répondaient aux sollicitations et inquiétudes des patients qui se réveillaient. Elles se consultaient pour assurer leur pause de midi tout en continuant d’assurer le service.
« Ne vous inquiétez pas, vos jambes vont se réveiller doucement. Regardez vous pouvez soulever vos fesses ? » « Vous allez bientôt partir après l’accord de l’anesthésiste, je vais commander un brancardier mais ne vous impatientez pas trop ils sont débordés en ce moment !
« Je suis infirmière spécialisée et dans ce service depuis huit ans, j’aimerais bien changer mais il faut attendre son tour… »
Les blouses blanches
Il s’agit des médecins . Le stéthoscope dans la poche permet de les repérer de loin lorsqu’ils se déplacent dans l’hôpital. Les médecins du CHRO d’Orléans sont nombreux à être d’origine étrangère si l’on se réfère aux signatures des ordonnances aux consonance inhabituelles. C’est le cas de A. médecin en fin d’internat qui me recevait dernièrement. Peut être encouragé par la sympathie de son regard, peut être à cause de la couleur de sa peau et sûrement par l’attention qu’il apportait à m’écouter — ce qui ne parait pas toujours le cas, malheureusement — je me suis permis de lui demander où il envisageait de s’installer.
« J’ai fait toutes mes études en France. Dans ma spécialité, nous avons besoin plateaux techniques . Il est impossible que je retourne dans mon pays la Guinée Conakry , les patients ne pourraient pas payer les traitements onéreux qui, ici, permettent de vous soigner . Ce qui est indispensable pour moi c’est de soigner mes malades. »
Pour un « altermondialiste », quelle paradoxe ! Pour me soigner je profite des longues études, du travail et du savoir faire de ces médecins qui ont dû s’éloigner de leur famille, de leur pays. Ils ne sont sûrement pas être indifférents à la situation économique, sanitaire et politique de leurs régions d’origine. Je pense aux nombreux médecins qui se sont exilés de Syrie à cause de la guerre ou de Turquie à la recherche de plus de liberté et …de Guinée Conakri pour avoir les moyens de soigner.
Les paroles de ces moments, celles du quotidien, sont celles que vous pourriez écouter à l’occasion de n’importe quel passage dans les lieux. Attention j’ai changé les prénoms des personnes rencontrées.
Des soignants on en a parlé beaucoup parler, on les a même applaudi lors de l’épidémie de Covid et toujours (même avec seulement 15 jours de congés cet été, ai-je entendu) ils assurent leur métier avec compétence et beaucoup d’énergie.
Malgré leurs difficultés de vie personnelle ou familiale, elles (ils) gardent le sourire et leur gentillesse tout simplement par humanité et peut être par fraternité ce qui est de moins en moins commun, ça vaut bien un billet sur ce blog !
4 réflexions sur « Des sourires dans l’archipel aux couleurs. »
Merci pour eux, c’est un regard chaleureux que tu portes là…
Merci Bernard pour tes témoignages qui m’ont fait du bien car j’ai passé toute ma carrière dans cet établissement. J’avais déjà beaucoup apprécié la précédente présentation du CHRO, ta façon te décrire ce village. Il y a plus de 100 professions différentes dans cet établissement !
Mais si aujourd’hui tu mets en valeur les qualités d’humanité, d’écoute, des brancardiers, des soignant-es, c’est parce que toi même tu es une personne attentive aux autres et à l’écoute de leurs vies. MERCI…
Merci pour le rapport du scénario du fonctionnement du personnel de l’hôpital qui va droit au cœur.
Je vais partager cet article qui reflète un modèle d’expression de l’humanité!
Merci Bernard pour ton regard.
Il correspond à ce que j’ai ressenti et il est important d’exprimer cette reconnaissance.
Marie-Yvonne