Sortie de classe chez les zoroastriens (Iran 10)

Sortie de classe chez les zoroastriens (Iran 10)

Attention ! Leila existe d’abord dans mon imagination !

Lettre de Leila à Jeanne

Yazd, novembre 2017

Comme promis je t’envoie cette lettre pour te raconter notre dernière sortie de classe. Cette année nous étudions en histoire les religions en Iran. Nous en sommes à l’histoire du Zoroastrisme, la plus ancienne religion du pays, 1000 ans avant JC. Nous avons fait une recherche  dans les livres de la bibliothèque.

Déjà le symbole du zoroastrisme, le Farvahar sur le site de Persépolis.

Notre professeure nous a emmené  dans trois lieux importants de cette religion.

D’abord au Temple du feu dans le centre de la ville de Yazd, puis au cimetière et enfin à Chak Chak lieu de pèlerinage.

Le zoroastrisme depuis 1000 avant J.C.

Il y a peut être dans notre classe un ou une zoroastrienne, ce ne serait pas étonnant car dans la ville il y  aurait 10000 fidèles sur 25000 dans tout l’Iran. Yazd est la ville en Iran qui compte le plus de ces adeptes.

Entre le XIII et le XX ème siècle,  la plupart des zoroastriens se sont réfugiés en Inde poussés au départ par le flux de l’Islam. Pourtant cette religion est même devenue religion d’Etat, au III ème siècle avant JC. On dit même qu’un des Rois mages de la crèche de Jésus était disciple de Zarathoustra et que c’est sa science, l’astrologie, qui l’a guidé pour honorer le Christ à sa naissance.

La particularité de cette religion est qu’elle basée sur le monothéisme comme les religions qui ont suivi le judaïsme, le christianisme et l’islam.

Nous sommes allés visiter le Temple du feu construit en 1940 à Yazd .

Le Temple du Feu à Yazd
Le symbole du Dieu Ahura Mazda, en faïences bleues et jaunes. Ce symbole, appelé Farvahar , l’homme-oiseau représente dans de nombreux détails toutes les valeurs véhiculées par le Dieu.

A l’intérieur du Temple, il y a une vitrine derrière laquelle on voit un récipient dans lequel une flamme est honorée. Les zoroastriens conservent ce feu depuis 1527 ans à Shiraz puis à Yazd depuis 1940. Ils disent qu’entretenir le feu est primordial car le feu serait fils de Ahura Mazda. Ce feu est associé à tous les rites de la naissance à la mort.

La flamme visible derrière une vitre.
Un fidèle se fait prendre en photo avec son enfant, devant Zarathoustra, le prophète qui a annoncé l’existence du Dieu Ahura Mazda. Ce prophète est né en Afganistan  650 avant JC jusqu’à l’âge de 74 ans assassiné par un fanatique.

A coté de ce Temple, un musée présente la religion, il faut lire les panneaux c’est un peu fastidieux… Heureusement il y a les mannequins habillés traditionnellement et surtout les tables remplies de produits de la nature avec lesquels les zoroastriens aiment accompagner leurs fêtes ou cérémonies.

5 prières pour 5 périodes de la journée…

Les tours du silence

Deuxième étape, la banlieue de la ville. Quel étonnement ! c’est presque le désert et deux hautes collines en jaillissent. Les touristes parcourent  l’immense terre plein et s’engagent dans l’escalier pour l’ascension d’une des collines.

Ces tours du silence étaient destinées à faire reposer les corps des morts zoroastriens. Les cadavres étaient portés par des prêtres au sommet de la tour et y étaient déchirés par les vautours. Les restes étaient versés dans des fosses. Cette coutume évitait que les cadavres souillent la terre. Depuis 1978, les morts sont enterrés dans des caveaux de ciment dans un cimetière voisin.

Sommet de la tour fait de pierre pour y exposer les cadavres aux vautours.
Nouveau cimetière

Heureux sera celui qui est à la recherche du bonheur des autres

Pour continuer notre découverte de la religion zoroastrienne, nous nous sommes dirigés dans la montagne pour visiter le plus haut lieu de leur pèlerinage  Nous avons parcouru 50 km depuis Yazd. Après une demi heure de bus par une route sinueuse nous sommes arrivés au pieds du petit village de Pir-é Sabz.

Il nous a fallu encore une demi-heure à pieds pour accéder au refuge lieu de pèlerinage.

Intérieur du Temple avec les emplacements pour les bâtons d’encens. Au fond le feu…
Des portraits de Zarathoustra et des textes du Livre Saint, l’Avesta.

Ce temple est taillé dans la montagne. Une fois par an, pendant 5 jours et cinq nuits les zoroastriens se regroupent dans une cérémonie de prière pour honorer la princesse Nick Banou. La fille du roi Yazdegard se serait réfugiée là après l’assassinat de son père et l’invasion arabe au VII siècle. La légende dit que la montagne s’est refermée et qu’un gigantesque arbre a jailli accompagné d’une source, c’est pourquoi ce lieu est appelé Tchak Tchack . Je n’ai pas entendu ces gouttes d’eau mais il y a des robinets !

L’arbre miraculeux toujours là…

L’ambiance de ce lieu  m’a paru sympathique ;  ça change de l’atmosphère silencieux des salles de prière des mosquée chiites, surtout dans les périodes traditionnelles de deuil . Ce n’est pas étonnant car les zoroastriens croient en des valeurs  heureuses. Comme on peut le lire dans une des inscriptions qui tapissent ce lieu de pèlerinage : « Heureux sera celui qui est à la recherche du bonheur des autres » Extrait du  Livre Saint Yasna 30, ligne 1.

Sur la première photo du Temple (ci-dessus) et sur d’autres, tu as surement remarqué que les femmes s’habillent de façon colorée.

Dans cette religion il n’y a pas d’interdit pour la musique et le chant. En redescendant dans le village nous avons entendu des garçons qui chantaient avec un groupe de français, malheureusement notre professeure n’a pas voulu que nous nous y arrêtions …(voit quand même la vidéo ci-dessous).

Je suis heureuse d’avoir découverte cette très vieille religion, j’ai l’impression que l’on s’y amuse bien ! J’ai même lu que nous les filles, nous y sommes à égalité avec les hommes. En plus depuis une dizaine d’années des femmes sont nommées prêtresses.

Alors peut être que pour l’avenir de la société iranienne, il serait bon que cette religion de bonheur et d’amour pour les autres soit plus reconnue. J’ai lu qu’un seul député, Dr Esfandiar Ekhtiari , représente cette minorité religieuse au Parlement  iranien.

Rien d’étonnant que Maurice Béjart le grand danseur et chorégraphe européen ait intitulé un de ses ballets « Zarathoustra, le chant de la danse ».

 

 

 

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