Retour de Tunisie, la Révolution !
Nous sommes allés en Tunisie, parce que la révolution du jasmin avait eu lieu. Plus précisément d’abord nous pensons que les touristes ne devaient pas avoir peur de revenir dans ce pays , puis dialoguer avec « des gens qui venaient de faire la révolution » était intêressant … et enfin je pensais qu’il n’y aurait pas la présence policière qui m’avait scandalisée lors d’un court séjour en 2003.
Ce que nous avons entendu :
Spontanément les personnes rencontrées, nos hôtes comme les gens de la rue nous parlaient de la révolution avec dans la majorité des cas une certaine fierté d’avoir « dégagé le voleur » en parlant de la famille Ben Ali. Ce qui est dominant est le sentiment assez nationaliste, d’avoir » un pays riche et nous ne pouvoir en bénéficier ».
L’après la révolution est ressentie comme l’anarchie : » faites attention aux voleurs », « on ne respecte plus rien », les règlements d’urbanisme ne sont plus appliqués », « la ville est sale car les nouveaux responsables municipaux n’y connaissent rien »…. Dans ces propos je pense que c’est la période de transition qui est pesante, plus qu’un regret de l’ère Ben Ali. Néanmoins plusieurs de nos interlocuteurs se sont félicités du changement d’attitude de la police « moins de bakchich », « moins omniprésente dans la vie intellectuelle ». Monia venait de créer librement son association de parents d’autistes, ce que on lui refusait arbitrairement avant. J’ai ressenti une liberté de faire des projets.
Concernant les 25000 tunisiens qui ont pris la mer pour s’échouer sur les trottoirs de Paris au printemps, nos interlocuteurs sont sévères, « ce sont des voyous , sans diplôme, certains travaillaient en Libye. » « Ils reviennent maintenant ».
Ce que nous avons vu :
Pas de changement notable dans le fonctionnement du pays, beaucoup de travaux de construction, des chantiers de route, la rentrée du 15 septembre, l’aéroport, le trafic portuaire, etc…), à noter que nos interlocuteurs sont fiers de cela : « une révolution sans chaos et même on est capable d’accueillir plusieurs centaines de milliers de réfugiés libyens ».
Les seuls « restes » que nous avons vus, sont : un barrage de route nationale avec une voiture brûlée encore fumante dans un village au nord de Gafsa, les frises de barbelés, des militaires et leurs véhicules autour des bâtiments publics de Tunis, des bâtiments incendiés dans plusieurs petites villes, probablement les permanences du parti unique comme celui de Tunis.
Et maintenant :
Les élections du 23 octobre pour l’élection d’une assemblée constituante vont être un moment important dans la suite de la Révolution. En ce moment les partis présentent leurs programmes, signent des accord pour créer des coalitions et préparent leurs listes régionales. La Tunisie est divisée en plusieurs circonscriptions qui doivent élire un nombre précis de députés (celle de Kairouan 9 sièges par exemple). Les positions doivent donc être régionales et nationales.
Le gros problème est l’apprentissage de la démocratie ; à la télévision un clip explique la composition et le fonctionnement des institutions. J’ai lu dans la presse qu’un partenariat avec l’UNICEF va aider à la formation citoyenne des enfants. Un fait inquiète les gens , le peu d’inscrits sur les listes électorales, à peine 50%, il semblerait qu’un rattrapage sur Internet serait possible. Mais nous avons entendus souvent « il vous a fallu combien de decennies pour faire la démocratie après votre Révolution de 89, nous aussi il nous faudra du temps… ». Se situer pour voter est d’autant plus difficile que le nombre de partis étaient de 104, il semblerait que des regroupement sont en cours, et puis dans les listes régionales sont plus réduites. Compte tenu de la complexité des discours de chaque parti à la télévision, les votes se feront sur la capacité des candidats à être connus localement. C’est pourquoi Monia qui devait se présenter à Kairouan faisait une campagne de proximité dynamique.
Les résultats :
La composition de l’Assemblée Constituante est fondamentale pour la suite de la Révolution car il s’agit de construire une nouvelle constitution.
Une éventuelle majorité du parti islamiste est dans toutes les bouches .
Il y a les optimistes « ils n’obtiendront pas plus de 20% des suffrages », notre pays est trop laïc et les gens ne se feront pas berner par leur discours actuel très rassurant.
Il y a les pessimistes qui prédisent un score majoritaire compte tenu du peu de votants potentiels et de la tendance religieuse des campagnes.
Il y a les rassurants : « le parti islamiste sera modéré comme en Turquie…et ce qui est important c’est de pouvoir vivre sa religion librement. »
Les femmes semblent n’être pas prête à se laisser reprendre les droits acquis.
Cette rencontre avec une partie du peuple de Tunisie, nous rapproche un peu plus d’eux et nous allons suivre avec attention (grâce aux contacts que nous avons noués) la suite des événements. Pour ma part je souhaite que ce courageux pays nous bleuffe dans la démocratie ( par exemple que le quota 50% femmes , 50% hommes sur les listes de candidats soit respecté) .
2 réflexions sur « Retour de Tunisie, la Révolution ! »
Bonjour Chers Amis,
Robert nous te remercions plus que mille fois vivement ,tu as tout dit de la Tunisie post-révolutionnaire et très bien dit, certainement mieux qu’un tunisien ne saurait l’exprimer
objectivement,bravo!!!!!!!
Tu es un grand Ami sincère de la Tunisie et les tunisiens t’acceuilleront, avec Colette,quand et où tu voudras toujours avec les bras grands ouverts,Saches aussi que le peuple tunisien n’a jamais douté des liens d’amitié qui l’unissent au peuple français depuis plusieurs siècles ,
Au plaisir de te revoir à Carthage Bientôt,
Vos amis de Carthage
K & A
bonjour chers amis,
je suis vraiment surprise de la qualité du rapport sur la Tunisie post révolutionnaire que vous publiez sur votre blog .Nous vous considérons des amis éternels de la Tunisie .Et j ‘espère que les liens Tunisie-France seront de plus en plus renforcés et bravooo encore une fois